Qui n’est jamais rentré du travail après une journée difficile au bureau en se jetant sur un paquet de gâteau? Qui n’a jamais mangé en grande quantité alors qu’il n’avait pas faim?
Manger pour faire face à une émotion ou à un stress intense est un réflexe naturel car notre corps a alors un besoin rapide d’énergie. On est poussé à consommer une alimentation réconfortante, souvent sucrée dite “alimentation doudou”. L’alimentation émotionnelle peut devenir une source de souffrance quand elle est associée à un sentiment de culpabilité et/ou de honte. Tel est le cas quand nous mangeons en cachette pour ne pas être jugé.e ou que nous nous disons “je suis nulle, je n’ai aucune volonté” après avoir eu une compulsion alimentaire.
A l’heure où le culte du “corps parfait” fait rage, où sort chaque année au printemps le nouveau régime amaigrissant pour sculpter son “summer body” pour faire sensation à la plage l’été suivant, où paraît début Janvier l’article “les 10 meilleurs conseils pour perdre du poids après les fêtes” dans la presse féminine, comment ne pas se culpabiliser lorsqu’on doit faire face à une relation troublée à l’alimentation ou à des troubles du comportement alimentaires (TCA)?
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont diagnostiqués et répertoriés par le corps médical dans le DMS-5, version courte pour la 5ème édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux en français)
Il en existe 3 grands types :
L’anorexie mentale : le fait de se restreindre de manger pour ne pas prendre de poids, ou encore d’avoir des comportements compensatoires comme le vomissement;
La boulimie nerveuse : le fait de manger en très grande quantité dans un laps de temps court. La personne a ensuite recours à des comportements compensatoires (prise de laxatifs, vomissements, séance de sport intensive) ;
La boulimie hyperphagique (hyperphagie ou binge eating disorders) : le fait de manger en très grande quantité dans un laps de temps court mais sans phénomène compensatoire. La conséquence principale est la prise de poids rapide.
Les TCA touchent environ 5 à 10% de la population et sont en constante augmentation dans notre société.
Au-delà des TCA, il existe aussi des comportements, tels que l’alimentation troublée appelée aussi alimentation émotionnelle. Elles englobent les personnes non diagnostiquées, qui rencontrent un rapport conflictuel avec l’alimentation en lien avec l’intensité d’une émotion ressentie, et qui se matérialisent notamment par des compulsions alimentaires ou impossibilité de s’alimenter.
Mon histoire avec l’alimentation…
Pendant une dizaine d’années, j’ai été sujette à l’hyperphagie. Je mangeais en cachette des quantités très importantes d’aliments dans un laps de temps court, souvent du pain avec du beurre, des cacahuètes (oups ^^). Ces compulsions alimentaires engendraient de grandes périodes de souffrance car je culpabilisais et j’avais honte. Ces phases d’hyperphagie avaient lieu lors de grandes vagues de stress et d’intenses émotions. A cette époque, je ne comprenais pas pourquoi j’avais ce besoin irrépressible de manger. J’ai décidé par la suite de me faire accompagner par différents thérapeutes dont des naturopathes spécialisés en gestion de l’alimentation émotionnelle, des psys, des coachs. Cela a été le début d’un beau chemin d’apprentissage et de résilience.
Comment reconnaître que l’on “mange ses émotions”?
L’alimentation émotionnelle est le fait :
d’utiliser la nourriture pour éviter de vivre ses émotions. Ces émotions peuvent être agréables ou désagréables. Elles sont pourtant très utiles car elles ont un rôle de boussole. Elles nous permettent de savoir si on vit des situations qui nous conviennent ou non. Je peux par exemple manger lorsque je me sens triste, fatiguée, ou manger par ennui, etc. Certaines personnes peuvent aussi avoir recours à une alimentation émotionnelle quand elle ressente de la joie car elles n’arrivent pas à accueillir ce bonheur et son intensité ;
de manger pour s’anesthésier afin de ne pas ressentir nos émotions. On s'anesthésie à la fois :
physiquement : Lorsque l’on mange, notre tube digestif se met en action. La digestion requiert 70 à 80% de notre énergie vitale. C’est pour cela que l’on parle d’anesthésie et que l’on se sent souvent fatigué en période de digestion ;
mentalement : on ressent une sorte de brouillard mental après avoir eu des compulsions alimentaires
Lors des phases des compulsions alimentaires ou de restriction, il y a des notions telles que :
la notion d’urgence : on doit manger immédiatement et de manière très rapide. On oublie de mastiquer :)
la notion de perte de contrôle : on a la sensation qu’une force plus grande que nous, nous pousse à manger. On peut avoir des pensées telles que : “je n’y peux rien, c’est plus fort que moi”
la notion de culpabilité et de honte après les périodes de crises
Quelles sont les premières pistes à explorer ?
Prendre conscience que nous sommes sujettes à l’alimentation émotionnelle est un premier pas de géant. Si vous lisez cet article, soyez fier.e.s de vous.
Ensuite, plusieurs pistes peuvent être explorées si l’on souhaite retrouver une relation sereine à notre alimentation.
Ecouter ses émotions : “Que se passe-t-il dans mon corps avant que je mange?”, “quels sont mes ressentis et sensations?” Est ce que je pourrais essayer d’autres activités pour accueillir l’émotion?
Mastiquer en prenant le temps de manger. Cela permet de ressentir une sensation de satiété qui arrive au bout de 20 minutes. Votre digestion en sera aussi plus facile
Se détendre, prendre du temps pour soi et s’amuser : Nous pouvons essayer, lorsque l’on ressent une envie irrépressible de manger, d’appeler une copine pour discuter, une séance de méditation pour se relaxer, d’aller courir ou marcher en pleine nature pour se défouler ou encore d’écrire nos pensées dans un carnet. Le plus important est de pouvoir accueillir notre émotion et de la laisser passer.
Manger en prenant du plaisir. Cuisiner des aliments bruts de qualité et éviter les produits transformés industriels. Constituer votre assiette pour qu’elle vous donne envie. Le plaisir passe en premier par la vue 🙂
Avoir un bon sommeil. La fatigue nous pousse à manger. Cela est dû à un processus hormonal dû au stress engendré par la fatigue. Quelques conseils pour intégrer une routine du soir favorisant l’endormissement :
Éviter les écrans le soir après 22h ;
Prendre un bon livre ;
Pratiquer le journaling ;
Ecouter de la musique douce ;
Mettre quelques gouttes d’huiles essentielle de Lavande vraie ou de Petit grain bigarade dans une huile végétale. Appliquer au creux de vos poignets. Frottez les légèrement entre eux et respirer.
Faire le choix de se faire accompagner par un thérapeute permet, en plus, de trouver un espace neutre, de confiance, d’écoute et de non jugement pour pouvoir évoquer notre relation troublée à l’alimentation.
Manger doit avant tout rester une source de plaisir. Se libérer de l’alimentation émotionnelle est possible. C’est un chemin vers la reconnexion à soi, à son corps qui mène à l’ouverture d’un champ infini des possibles.
Belle journée
Laura
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